1 déc. 2024
Le secteur forêt-bois au Gabon : une richesse durable et des opportunités économiques prometteuses
Avec sa couverture forestière exceptionnelle couvrant environ 88% de son territoire, le Gabon s’est imposé comme un acteur clé dans le secteur forêt-bois en Afrique. Après le pétrole et les mines, la filière représente un pilier essentiel de l'économie nationale, tout en jouant un rôle crucial dans la préservation de l'environnement à l'échelle mondiale. Dans un contexte de diversification économique, le pays met en œuvre des politiques ambitieuses pour une gestion durable et une transformation locale accrue, offrant ainsi des opportunités uniques aux investisseurs étrangers et locaux.
Un secteur clé pour l’économie gabonaise
Le secteur forestier et de l’industrie du bois contribue à hauteur d’environ 6 à 7 % du PIB gabonais (mais environ 60% du PIB hors pétrole) et constitue la deuxième source de recettes d’exportation après les hydrocarbures. C’est par ailleurs le premier employeur du pays avec environ 16 000 emplois directs et indirects et un véritable levier pour la création de nouvelles opportunités dans les zones rurales, souvent les plus affectées par le chômage.
En 2023, l’activité forestière, représentée à environ 60% par l’exploitation de l’okoumé, a enregistré des résultats en baisse (– 11,8%), l’exploitation ayant fait face à des difficultés logistiques (évacuation de la production des sites vers les usines) et en lien avec l’augmentation des prix des carburants industriels.
Pour les mêmes motifs et pour la seconde année consécutive, les industries de transformation du bois ont enregistré des résultats négatifs en 2023 (production de bois débités de -7%).
Cette tendance baissière globale s’est poursuivie au premier semestre 2024.
Le fléchissement de la demande asiatique, dont chinoise, a limité les exportations de -4,3%.
Source : TBE 2023 - DGEPF
Une politique sectorielle axée sur le développement durable et la transformation locale
Le Gabon s’impose comme un modèle de gestion forestière durable en Afrique, avec une politique centrée sur la préservation des ressources, la valorisation locale et la lutte contre le changement climatique. Le pays ambitionne de certifier 100 % de ses concessions forestières selon les normes FSC ou PAFC. Fin 2022, plus de 2,5 millions d’hectares bénéficiaient déjà de cette certification (selon l’étude « Impact du secteur bois sur l’économie du Gabon entre 2018 et 2022 », réalisée par Ernst &Young et Mays Mouissi Consulting), soutenue par des mécanismes de surveillance renforcée pour assurer la traçabilité et lutter contre l’exploitation illégale.
Depuis l’interdiction en 2010 de l’exportation de grumes, le Gabon mise sur la transformation locale du bois pour augmenter sa valeur ajoutée. Cette stratégie a favorisé le développement d’industries locales spécialisées dans le sciage, le contreplaqué, ou encore la fabrication de meubles, en complément des industriels historiquement implantés au Gabon.
En 2023, le gouvernement a adopté des mesures fiscales pour encourager les usines spécialisées dans la transformation avancée du bois (deuxième et troisième transformation) et travaillé sur le nouveau Code forestier. En octobre 2024, l’implémentation du Système National de Traçabilité du Bois du Gabon (SNTBG), qui modernise le suivi de l’exploitation et du transport grâce à une plateforme numérique obligatoire pour tous les opérateurs, a été lancé.
Enfin, le Gabon s’affirme comme un leader mondial dans la lutte contre le changement climatique, grâce à ses forêts qui agissent comme des puits de carbone. En alignant ses politiques sur l’Accord de Paris et en collaborant avec des partenaires internationaux pour des financements climatiques, le pays conserve son statut de "bilan carbone positif", tout en ouvrant la voie à des opportunités économiques durables.
Lors de la COP29 à Bakou en novembre 2024, le Gabon a ainsi réaffirmé son leadership climatique en Afrique et renforcé ses ambitions environnementales, en soutenant :
L’augmentation des financements climatiques afin d’appuyer les efforts des pays en développement, notamment pour maintenir ses forêts comme puits de carbone tout en stimulant son développement économique.
Le renforcement des réformes visant à accroître la transparence et l’efficacité du marché des crédits carbone, pour éviter les dérives de "greenwashing" et maximiser leur impact réel sur la réduction des émissions mondiales.
Le Gabon a également mis en avant ses efforts pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici 2025 et maintenir son statut de pays à bilan carbone positif, tout en poursuivant une gestion durable de ses forêts.
Le soutien de partenaires internationaux pour le développement de la filière
Le pays bénéficie de partenariats internationaux dans le domaine des financements climatiques, en particulier via le mécanisme REDD+ (Acronyme de Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement, initiative internationale coordonnée par l’ONU) et les fonds carbone. En 2019, la signature d’un accord historique avec la Norvège, dans le cadre de l'Initiative pour les Forêts d’Afrique Centrale (CAFI), d'un montant de 150 millions de dollars, récompense le Gabon pour la réduction de la déforestation et la gestion durable de ses forêts.
Le 3 décembre dernier, un programme d’assistance technique de l’Union Européenne, d’une durée de 9 mois a été lancé, poursuivant l’objectif de renforcer le secteur forestier en promouvant une économie durable et inclusive, autour des axes suivants : révision du Code Forestier, mise en œuvre du règlement européen sur la déforestation, et préparation d’un programme de 9 millions d’euros pour les chaînes de valeur forestières dès 2025.
Enjeux et défis
Malgré ses atouts, la filière forêt-bois fait face à plusieurs difficultés. L’un des principaux est la lutte contre l’exploitation forestière illégale et l'amélioration de la transparence dans la chaîne d'approvisionnement. La formation des ressources humaines est également un enjeu d’importance, visant à répondre à la demande croissante en main-d'œuvre qualifiée.
Le transport des grumes depuis l’intérieur du Gabon jusqu’aux sites industriels constitue un défi majeur en raison de l’insuffisance et de la qualité des infrastructures routières, qui engendrent des coûts logistiques élevés avec un impact considérable sur la rentabilité des entreprises.
Des efforts sont en cours (amélioration des infrastructures routières, rénovation et projets de développement du réseau ferroviaire), mais des progrès supplémentaires sont nécessaires pour soutenir la transformation locale et améliorer la compétitivité du secteur bois.
A noter également que l’Union européenne explore actuellement des mesures pour encadrer davantage les importations de bois tropical, notamment l’okoumé, au titre de la durabilité et de la lutte contre la déforestation. Ces discussions s’inscrivent dans le cadre du Règlement Européen sur la Déforestation (EUDR) et des préparatifs de la 20ᵉ Conférence CITES (Convention sur le Commerce International des Espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) qui devrait se tenir fin 2025, visant à promouvoir un commerce légal et traçable. Cette initiative, bien qu’essentielle pour la durabilité, impose au Gabon de relever des défis supplémentaires, tels que l’amélioration des systèmes de traçabilité et la conformité aux normes internationales, tout en maintenant la compétitivité de son secteur forestier.
Des opportunités pour les investisseurs
Le secteur forêt-bois gabonais regorge d'opportunités à explorer. Avec le développement progressif de l'industrialisation locale, les besoins en technologie et en innovation sont importants. La filière recherche activement des équipements modernes pour améliorer la productivité et la qualité des produits transformés. De plus, l'utilisation de la technologie satellite pour la cartographie des forêts et la gestion durable des ressources ouvre un marché encore peu exploité. La Zone Économique Spéciale (ZES) de Nkok, hub attractif pour les investisseurs, offre des incitations fiscales, une infrastructure adaptée et des services intégrés pour faciliter la production et l’exportation de produits transformés.
En termes de commerce international, le bois tropical certifié du Gabon est très prisé sur les marchés européens, asiatiques et nord-américains, offrant des perspectives lucratives aux entreprises du secteur. Le Conseil des Ministres du 31 aout dernier a d’ailleurs adopté un projet de décret permettant la reprise de l’exploitation du Kevazingo qui était à l’arrêt depuis 2018, en instaurant un cadre réglementaire plus strict pour la gestion de cette essence forestière précieuse et menacée.
Le secteur forêt-bois gabonais offre des perspectives prometteuses dans un contexte international marqué par les enjeux climatiques. Entre préservation, gestion responsable et transformation locale, c'est le moment idéal pour s'engager dans ce secteur porteur et contribuer au développement d'une économie plus diversifiée et durable.
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